La distance magique d’un mètre de distance entre deux personnes a pris valeur de norme dans une gestion aussi brouillonne qu’autoritaire de la pandémie de Covid-19. À force d’être martelée, elle finit par acquérir une valeur propre, affranchie de toute argumentation. Passons sur l’invraisemblable dénomination de la catégorie des mesures auxquelles elle est rattachée, la « distanciation sociale », pour interroger deux secondes sa justification sous-jacente.
Afin d’éviter tout faux-débat, (…)
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Le jour d’ici
La pandémie du Covid-19 sert de prétexte au capital pour mettre à mal les conquêtes sociales obtenues à travers des décennies de luttes qui ont été ponctuées d’innombrables souffrance et sacrifices (!) pour celles et ceux qui les ont menées.
La gestion catastrophique par le gouvernement de la crise sanitaire est perceptible pour une grande part de la population malgré une colossale entreprise de propagande déployée à travers les médias dominants.
Dans le même ordre idées, le gouvernement démontre une absence de stratégie sanitaire et écologique de sortie de la crise illustrée par la question du déconfinement. Cett"e absence de stratégie est cependant moins largement perçue du fait du morcellement et du caractère défensif des propositions alternative autant que de leur invisibilisation.
Dans le camp « progressiste », beaucoup se prennent à espérer que le déconfinement sera l’occasion, sur le bilan de la crise en cours, des conditions de survenance, de sa gestion, de l’expérience pratique d’un fonctionnement de la société - de repartir à l’offensive non seulement sur les reculs mais plus largement sur le modèle de société.
Ce raccourci intellectuel prend forme autour d’une formule dont la vacuité illustre les carences des analyses qui s’y retrouvent : le jour d’après. Il suffit de prendre deux secondes pour y réfléchir pour se rendre compte que cette formule relève de la pensée magique. Comme toute formule puisant dans ce registre, elle est attirante, désirable et inconsciemment douée de vertus propres.
Elle est politiquement dangereuse car elle brouille gravement la dimension temporelle de l’articulation des actions. Autrement dit, elle empêche littéralement de penser politiquement. Du point de vue de l’action « le » jour d’après est démobilisateur et désarmant, renvoyant à plus tard une lutte politique de terrain dont l’existence aujourd’hui conditionne fondamentalement les possibilités futures qu’à ce niveau de généralité on peut, sans perdre en qualité analytique, désigner par « l’après ».