Accueil > Mes prises de tête > Où est l’insulte ?

Où est l’insulte ?

mercredi 23 juin 2010

Comme une pompe à épandage bien huilée, la presse a rapporté la phrase d’un joueur de foot à un sélectionneur [1]. C’était tellement gros qu’il fallait bien ça. Tellement injurieux qu’on n’imaginait pas la chose possible. Tellement offensant que nul ne l’aurait envisagé. Dans ce concert monocorde où le professionnalisme consiste à se distinguer dans l’identique, nul n’a même songé à relever que ce propos était avant tout homophobe et putophobe.
Une homophobie et une putophobie dont les médias et les esprits éclairants de cette société n’ont eu de cesse d’être les hérault. Car le caractère injurieux des propos ne vaut que pour tant que l’on considère que l’homosexualité est la pire infamie qui puisse frapper un homme et que la prostitution est la honte la plus absolue qui puisse s’abattre sur les personnes qui y sont livrées ou qui la pratiquent.

L’ordure au détour de l’insignifiant

Si aucunE de ces choristes de l’abjecte n’a jugé bon de pointer le fond ordurier sur lequel fleurissent ces insultes ce n’est pas, une fois n’est pas coutume, par servilité mais par conviction. C’est qu’au pays des droits de l’Homme, l’honneur d’être françaisE se mérite d’autant plus aisément qu’on déclame sa différence commune et salutaire d’avec l’infra-humain, au rang duquel les pédés et les putes sont des figures obligées de l’universalisme conspuatoire.


[1« Va te faire enculer, sale fils de pute. »