Monument 0.10 : The Living Monument

Une performance monumentale qui m’a littéralement, happée, transportée 2h durant, dans un monde palpable peuplé d’univers connectés. Tout s’y tient remarquablement : décor, lumière, musique, voix, costumes, chorégraphie, mouvements…En collaboration avec la compagnie Carte Blanche, Eszter Salamon y déploie une capacité à créer et développer chorégraphiquement des situations que je n’avais encore jamais vue poussée à ce point.

Cette militante du mouvement comme expression de la conscience-perception d’un soi-en-lien, y donne corps à un plaidoyer politique et artistique contre la danse particulièrement convainquant.

En tant que spectatrice, cette performance nous met en conditions de nous connecter à notre mémoire, nos émotions et nous inviter à notre manière dans les histoires habitées au plateau telles que nos sens nous les racontent. Eszter semble nous dire : « Ne perdez pas votre temps à chercher la danse dans ce que vous voyez. Vivez pleinement ce temps en vous laissant mouvementer. » L’asymétrie des positions entre performeuseurs et spectateurices, performance et public, est constitutive du dispositif de proposition en parvenant à ne pas être de la proposition.

Dans ce Monument 0.10, le monumental créé devient un espace-temps de connexion, dépourvu de centre, dépouillé de verticalité. Nul rideau ne vient nous séparer de l’espace de performance bien que les tissus y soient omniprésents et agissants [1], tour à tour décor, costume ou acteur de premier plan, avec une fluidité qui dissout les frontières entre ces catégories.