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À propos du genre
Réflexion sur les catégories
jeudi 26 janvier 2006, par
Le piège tendu à toute tentative de réflexion sur le genre est de le considérer comme une catégorie. Penser le genre comme un rapport social permet de déjouer ce piège et arme pour éviter les glissements idéologiques et les replis normatifs auxquels ce piège conduit inévitablement. Loin de régler toutes les questions, cette approche en fait surgir de nombreuses mais fournit également des pistes de réinterprétation de nombreux questionnements issus de luttes sociales et politiques, dont une pensée critique ne peut faire l’économie de rendre compte.
Le rapport social
Le genre n’est pas
une catégorie autonome, c’est un rapport social basé
sur différenciation sexuelle. Comme tel, il est historique
et son étude est donc l’étude d’un rapport social, des
régimes politiques qui participent de sa perpétuation,
des idéologies qui participent de sa légitimation, de
son interférence avec d’autres rapports sociaux, des forces
sociales qui le mettent en cause1.
Vaste programme ! Étant un rapport social, la notion de
sexe sur laquelle il prend appui est à comprendre comme "ce
qui suffit à construire un rapport social différenciant
les êtres". Certes, cette notion importe et traduit des
concepts, notions ou pré-notions ayant acquis un valeur
scientifique dans d’autres contextes. Mais il serait dommage de se
laisser éblouir par ces emprunts au point de ne pas discerner
la singularité de la notion de sexe ainsi définie. Il
s’agit d’un sexe idéologisé dont la définition
fluctue au gré des nécessités auxquelles ce
rapport social doit faire face afin de garantir sa pérénité.
Si l’idée
d’introduire la notion de rapport social peut séduire à
des degrés divers2,
il faut cependant prendre la mesure de cette définition. Il y
a un abîme entre porter un intérêt plus ou moins
appuyé à ce que l’on pourrait appeler un "rapport
social de genre" et poser que le genre est un rapport social. En
posant cela, j’exprime l’idée suivante : le genre est un
rapport social, ni plus, ni moins. Il en découle une
réfutation de la formule "rapport social de genre"
pour désigner l’expression du genre dans les rapports sociaux
car cette tournure d’esprit3
postule de la préexistance d’une catégorie genre,
dont on pourrait étudier les expressions, dans différents
domaines, dont les rapports sociaux. Dans le genre défini
comme un rapport social, le terme "genre " et l’expression
"rapport social de genre" sont totalement substituable
l’une à l’autre. La seconde sera privilégiée,
soit de manière rhétorique4
ou pédagogique5,
soit pour distinguer le genre d’autres rapports sociaux6.
Les groupes sociaux
sur lesquels se constitue ce rapport social sont les sexes.
S’agissant de groupes sociaux, le "sexe" est à
prendre au sens social du terme. En première instance, les
critères sur lesquels la distinction des sexes s’opère
importent peu. Ces critères sont politiques, quels que soient
les caractéristiques (et les domaines dans lesquelles les
notions sous-jacentes sont, ou non,
pertinentes7)
invoquées pour justifier leur caractère constituant des
groupes8.
Comme tels, ils sont variables et cette variation ne doit ni
surprendre, ni laisser croire qu’ils sont purement idéologiques,
qu’une simple évolution des mentalité suffirait, non
pas à les redessiner mais à les dissoudre.
Féminin,
masculin
Le genre entretient
(c’est-à-dire, produit de manière continue) deux
notions : le "masculin" et "le féminin".
En dehors du genre, dont ils sont l’émanation, masculin et
féminin n’ont aucune signification, ne renvoient à
rien, ne rendent rien intelligible. Pourtant le genre postule que ces
notions doivent être appréhendées pour
elles-mêmes, comme participant d’une catégorie
générale : le "genre". Par cet artifice,
le genre cesse d’exister et il ne reste plus que l’expression du
"genre", catégorie fictive mais établie, dans
les rapports sociaux. Cette inversion est similaire à celle
qui produit l’injonction. Et toute critique qui se laisse piéger
par cette inversion est condamnée.
Féminin et
masculin ne sont rien d’autre que les nom donnés aux rôles
et positions sociales que le genre permet d’occuper, sous un régime
politique donné, et définit comme seules possibles.
Penser les rapports sociaux en termes de "genre" renvoie
inévitablement au genre. En revanche, comprendre les "genres",
c’est-à-dire élucider leur mode de production, leur
contenu historique et le rôle qu’ils jouent dans la
re-production du [rapport social de] genre est de toute première
importance. Les hommes ne sont pas les personnes occupant la position
masculine, mais les membres d’un groupe social spécifique,
dans un rapport social historique donné, dans un certain état
d’un régime politique particulier. C’est une conséquence
élémentaire du constat de la contingence historique du
masculin et du féminin.
L’hétéropatriarcat
est-il la forme générale dominante contemporaine du
genre ou un régime politique du genre9 ?
Au delà de la réponse à cette question
particulière, la question soulevée est celle de
l’existence de régimes politiques spécifiques, propres
au genre. Ce n’est pas la question de l’oppression spécifique.
Le genre (rapport social) suffit à penser cette oppression. Le
problème posé est de savoir s’il existe, au sein des
régimes politiques10
exprimant les rapports sociaux de classes et de sexes, au delà
de dispositions particulières, des sous-régimes
spécifiques.
L’injonction
Le genre se
présente comme la réponse à une injonction.
Ça ne veut pas dire que l’injonction précède
(historiquement) le genre, que le genre ne serait qu’une des manières
d’habiller cette injonction. L’injonction est la manière qu’a
le genre de s’imposer, le ressort principal par lequel il produit
l’aliénation11.
C’est bien le genre qui engendre l’injonction de genre, autrement dit
une question à laquelle il se veut la seule réponse
possible, précisément parce que la question renferme sa
réponse, parce qu’elle est formulée, élaborée,
conçue, dans ce but, parce que le genre - comme catégorie - n’acquière une apparence de sens autonome12
que comme réponse à l’injonction. Le genre, malgré
les reproches qu’on peut lui faire, semble donc jouer un rôle
irremplaçable. Il semble avoir une utilité indéniable13.
Au passage, le genre dissimule son caractère arbitraire. Si
l’injonction de genre (comme toute injonction) peut sembler
arbitraire, la réponse à l’injonction (même
conçue comme une forme de soumission) semble conserver une
autonomie, octroyer une liberté de détermination, un
choix. Ainsi, on critiquera l’étendue des réponses
admises, on en proposera d’autres, mais on restera prisonnière
de l’injonction, contrainte d’apporter une réponse à
une question que rien ne justifie, au delà de l’injonction
elle-même.
La dimension
réflexive du couple injonction/genre rend complexe la critique
et désarticule (disjoint presque) les différentes
critiques. D’un côté, la critique sociale part du
contenu historique du genre. De l’autre, la critique symbolique, part
des formes historiques du genre. L’une et l’autre sont ancrées
dans des pratiques de lutte contre l’ordre social et symbolique. Les
premières se focalisent sur les effets des genres établis14.
Les secondes se focalisent sur les effets de la désinscription
dans des genres établis.
On a du mal à
unifier une réflexion prenant en compte le contenu oppressif
du genre15
(le régime hétéropatriacal) et une réflexion
sur le genre en tant qu’espace de contestation de l’oppression. Les
premières reprochent aux secondes une certaine négation
du genre qui reviendrait à nier l’oppression qui le prend
comme appui. Les secondes reproches aux premières leur manque
de critique du genre16
pensé comme une base possible du dépassement de
l’oppression. Ce malentendu vient de ce que la critique symbolique en
ne remettant pas radicalement en cause le paradigme de l’injonction
ne fait pas la liaison entre le contenu des critiques à
l’injonction dont sont porteuses les formes de résistance à
l’assignation et le contenu social de cette assignation. Car, elles
confondent la contestation des genres établis et des modalités
de l’assignation (une contestation symbolique de l’oppression) avec
la contestation sociale de l’aliénation17.
En s’interdisant de dissocier l’injonction du genre, elles ne
distinguent pas l’oppression de l’aliénation, n’identifient
pas le mécanisme symbolique essentiel de la reproduction
symbolique18
et en quoi19,
seules certaines formes de contestations sociales20
de l’expression sociale de l’injonction contestent l’injonction
elle-même et mettent donc à nu les ressorts symboliques
de l’oppression21
(au service de rapport sociaux dont la reproduction symbolique
garantit la perpétuation).
Les genres établis
ne sont donc pas l’expression dominante de la réaction à
l’injonction mais les réponses constitutives de l’injonction
dont la reprise de manière dominante exprime le caractère
déterminé et constitué. C’est pourquoi il est
vain de vouloir décliner sur un même plan que les genres
établis de nouvelles catégories, de nouveaux genres22.
En revanche, rien n’interdit de rechercher des similitudes dans les
processus engendrés par l’injonction. Ainsi, l’identification
à un genre (résultat du processus), n’est pas le genre
(constituant de l’injonction) et l’identification à autre
chose qu’un genre ne s’en distingue pas, fondamentalement.
L’assignation
L’assignation de
genre ne se réduit pas à l’étiquetage :
homme ou femme. L’assignation est le mécanisme par lequel le
genre (en tant que régime concret d’oppression) s’assure qu’il
est la seule réponse à l’injonction idéologique
de genre23.
L’assignation procède non seulement de l’énonciation
(on assigne un genre) mais aussi de la discipline (on est assigné
à un genre)24.
La police du genre (le rappel aux règles de genre) fait partie
de l’assignation. L’assignation est donc un mécanisme
autoritaire et coercitif25.
Si l’assignation
remplit le vide créé par la soumission à
l’injonction, ce vide peut-il être comblé autrement ?
Envisager une telle question reviendrait à attacher une
existence métaphysique à l’injonction, à
considérer le genre comme un ordre symbolique abstrait, comme
une option, et non comme un régime d’oppression. En effet, la
tentation est grande de disjoindre la reproduction (comme un temps
séparé26)
du genre27
de l’administration du genre28.
Or c’est précisément parce que le genre est un rapport
social qu’on ne peut dissocier ses conditions d’entretien de ses
conditions de reproduction. Le genre est perpétuellement
entretenu, re-produit29,
grâce à l’assignation qui, en tant que système30,
fait de toute personne se soumettant à l’injonction une agente
de l’assignation et, de ce fait, une transmettrice de l’injonction31.
L’identité
de genre
L’introduction de
la pré-notion d’identité de genre est une tentative de
dénaturalisation du genre. Elle résulte d’une
combinaison variée de démarches individuelles et
collectives inscrivant le "genre " dans le registre de
l’identité. Elle est donc bien plus une revendication
politique qu’une définition du genre. Elle participe d’une
revendication à l’autonomie de la personne et d’une
affirmation de la prééminence du sujet. Pourtant, les
limites politiques de cette revendication sont toutes entières
contenues dans l’acceptation du "genre" comme catégorie.
Prétendre décliner dans une registre, quel qu’il soit,
une notion qu’on ne définit pas conduit rapidement à
une impasse.
Une facilité
à laquelle on peut être tentée de céder
serait de définir le "genre " comme une identité.
Mais dès lors que l’on cherche à préciser en
quoi cette dimension de l’identité se distinguerait d’autres
dimensions, quelles en seraient les spécificités, on ne
peut que mobiliser le genre, comme notion indépendante, sauf à
verser dans une définition circulaire et stérile.
Mais l’évitement
de cet écueil précipite rapidement vers un autre :
le recherche de fondements spécifiques, "internes",
à l’identité. C’est une forme de réponse à
la circularité de la définition. Si le genre relève
de l’identité et de rien d’autre, c’est qu’il doit exister une
part de l’être qui serait le siège de cette identité.
L’identité de genre perd alors son contenu politique initial
pour devenir un dogme, une croyance normative nourrie
d’essentialisme. D’où la fuite vers une quête de
fondements psychologiques ou neuro-physiologiques d’un objet étrange
que l’on pourrait appeler le "genre" voire, plus
subtilement, les "déterminants" du "genre"32.
Ce faisant,
l’identité de genre prend un nouveau contenu politique
particulièrement pernicieux. Cheval de Troie idéologique
de l’essentialisme, elle entretient la fiction d’une autonomie du
"genre". Plus encore, en répondant normativement à
ce qui fonde la dimension collective de l’identité, elle
renvoie chacune, dans la construction de son identité, à
la seule part obscure et singulière de son être.
Politiquement, ceci vient justifier idéologiquement le repli
sur un particularisme des essences comme unique moyen de prise en
compte des différenciations sociales opérées
entres les diverses réponses adaptatives non standard à
l’injonction33.
Théâtralité
du genre : "performe" ton genre !
La "société"
n’est pas le théâtre des rapports sociaux34,
elle en est la substance et le produit. D’où une confusion
entre une exploitation politique de la pratique théâtrale
et une pratique35
politique découlant d’une conception théâtralisée
des rapports sociaux, entre la performance comme instrument
d’agit-prop’ et la croyance en l’individu36
comme sujet historique37.
L’assignation n’est
pas l’intériorisation de l’injonction. De ce fait, sauf à
verser dans un particularisme normatif, "l’auto-production du
’genre’" n’évacue pas l’assignation38.
Certes des pratiques démonstratives contestent les rapports de
place de l’assignation. Mais elles ne peuvent prendre la personne que
comme sujet, non comme objet, même si elles servent d’appui
pour résister à l’intériorisation de
l’assignation. Elles restent cependant prisonnières de
l’injonction qui reste le schéma de pré-inscription de
l’assignation. Ce sont des pratiques de résitance,
éventuellement de transformation des rapports sociaux et non
des rapports sociaux transformés. Ce n’est pas un autre
"genre" qui est produit, ce sont, au mieux, des
contestations du genre. Dans quelle mesure contestent-elles le
genre ? La réponse à cette question ne peut être
que dynamique. Mais le potentiel contestataire peut se mesurer , à
un instant donné, dans l’efficacité dans la remise en
cause de l’injonction. Prenons l’exemple de la fluidité. Elle
se manifeste sur deux plans : les stéréotypes et
la mobilité. Le potentiel contestataire de la mobilité
tient à ce qu’elle métaphorise la permanence de
l’injonction. Elle en apparaît comme le pendant. Mais elle peut
également être très conservatrice, rester très
abstraite, si elle ne met pas à mal l’assignation39.
La production de stéréotypes engendre mécaniquement
une fluidité sociale éphémère. Elle
souligne40
le caractère socio-culturel des stéréotypes,
rend perceptible la dimension et la complexité de
l’assignation par les ajustements41
qu’elle lui impose. Elle n’en conteste pas la nécessité,
voire elle la renforce.
1Sans
être exclusif d’autres voies, ce programme de recherche me
semble suffisant pour marquer et repérer une orientation de
recherche et en écarter d’autres.
2On
peut être plus ou moins "à l’aise" avec cette
définition, la trouver tout à fait pertinente,
simplement lui trouver l’intérêt de mettre l’accent sur
la dimension sociale...
3Qui
n’est pas un raisonnement et qui, précisément, cherche
à en faire l’économie.
4Pour
enfoncer le clou !
5Lorsque
la prégnance du paradigme essentialiste, compris dans
certaines idées "progressistes" réclame que
l’on rappelle la défintion.
6Par
exemple "genre et capitalisme".
7Distinctivement
ou non.
8Le
cas des personnes intersexuées est tout à fait
illustratif du caractère politique de ces critères.
Les critères biologiques importent peu, ils plient devant
l’impératif politique d’inscription dans le genre. Ainsi, le
sexe qui leur est attribué ne répond à aucun
autre besoin que de permettre à l’assignation de fonctionner,
sans préjuger du bénéfice que peu en tirer le
groupe social auquel elles sont ainsi rattachées.
9Autrement
dit, l’hétéropatriarcat est-il aux rapports de sexe ce
que le capitalisme est aux rapports de classe ? Ou bien est-ce
le genre qui est le capitalisme des rapports de sexe,
l’hétéropatriarcat n’étant qu’un régime
particulier du genre.
10Non
réductible à la forme de l’État.
11Le
genre opprime, l’injonction aliène. L’injonction est le
processus par lequel le Genre se naturalise, avant même que ne
soit naturalisée la bipolarité (ou
l’hétéronormativité).
12Débarrassé
du rapport social qui le produit par la "magie" de
l’injonction.
13Une
utilité que chacune éprouve dès lors que l’on
accepte de se soumettre à l’injonction.
14Historiquement
érigés.
15En
gros, le féminisme.
16Et
non des personnes genrées qui sont, pour toutes celles qui
lient l’analyse à l’action, une réalité
humaine, sociale et politique incontournable.
17D’où
une focalisation sur une esthétique de la contestation (dont
la performance est le maître mot vide).
18À
prendre au sens des conditions symboliques de la reproduction.
19On
en reste aux formules mièvres (toute transgression n’est pas
subversive) et au cas pas cas.
20et
"culturelles" (au sens d’une production socialisée
de significations)
21En
clair, si l’injonction de genre ne sert qu’à justifier qu’il
y ait des hommes et des femmes, c’est donc que cet état de
fait doit être justifié. On ne se demande plus si les
hommes et les femmes réellement existantes sont éloignées
de ce que l’on peut souhaiter avoir comme hommes et femmes (notion
pour le moins floue). On se demande si l’état d’homme ou de
femme justifie la situation réelle des personnes.
22D’ailleurs,
aucune tentative en ce sens n’a donné le moindre résultat.
23L’assignation
se distingue donc du genrage (soumission formelle à
l’injonction) dont elle est une manière [concrète]d’être..
24Comme
on est assigné à résidence.
25Si
est possible et utile de situer l’assignation en tant que mécanisme
général, un volet particulier du rapport social, on
perçoit qu’il est probablement l’aspect le plus contingent
aux régimes politique spécifiques.
26Qui
ne serait que l’étiquetage normalisé.
27Comme
régime d’oppression.
28Comme
régime politique, sans qualificatif.
29C’est
en ce sens qu’il est performatif. Ce n’est pas le "genre",
masculin, féminin ou autre qui est une performance ou le
produit d’une performance, mais le genre qui est performatif. De
même que "l’oeuvre d’art" n’est pas le résultat
d’une performance et que la performance ne se substitue pas à
l’oeuvre mais interroge le statut de l’oeuvre, souligne la
performativité de l’art - en tant que régime
de production spécifique et séparé - dont
"l’oeuvre" est une trace (une trace de la performativité
non le résultat d’une performance). Le genre n’est pas le
produit de la performance, ni même de la performance
continuée. C’est le genre, en tant que rapport (et non
catégorie) qui est performatif, et la performance d’un
"genre" constitué ne fait que le souligner. La
performativité pointe de manière métaphorique
(l’individuel renvoyant métaphoriquement au social, et la
performance à la performativité) la concrétude
de l’assignation. Elle est aux antipodes du double écrasement
sémantique et conceptuel qui, dans le pire des cas, confond
performance et performativité et, dans le meilleure des cas,
accepte la généralisation mais de manière
littérale, non métaphorique.
30Elle
ne prend valeur de système que dans un régime
politique donné.
31Autrement
dit, quelle est l’autonomie entre ces deux notions (injonction et
assignation), quelle latitude politique octroierait cette
autonomie ?
32À
défaut de trouver le gêne du genre.
33Qu’il
s’agisse de contestations morales de certains aspects concrets de
l’assignation ou de stratégies d’évitement de
l’assignation.
34Si
l’on tient à tout prix à leur donner un théâtre,
c’est l’humanité.
35Quand
ce n’est pas une stratégie.
36Qui
n’est, évidemment pas l’Homme.
37C’est
la même illusion de perspective qui fait croire que l’individu
peut concevoir son rapport singulier au genre de manière
politique. Il ne met pas en oeuvre, sur le plan politique, une
conception politique du genre qui trouverait là son espace
naturel d’expression. C’est parce qu’il passe par les médiations
susceptibles de le constituer en sujet politique qu’il peut se
saisir politiquement de la part de lui-même relevant de son
rapport au genre. Certes, il en résulte une dynamique
réflexive où s’articulent le singulier, la médiation
et le collectif, où "le" politique cesse d’être
une catégorie pour désigner le moyen par lequel se
constitue un sujet historique. Mais que ces médiations
constitutives du sujet politique disparaissent et il ne restera
plus, au mieux, que la trace rémanente d’une "identité
politique", un vécu dont chacune est la valeur
absolue, où le politique disparaît dans le religieux.
38N’en
prends pas concrètement la place et ne l’élimine pas,
politiquement.
39C’est
le cas typique d’ une mobilité binaire masculin/féminin
équilibrée ou non.
40De
manière non métaphorique.
41La
dévoile et la dénaturalise, pour partie. Ce qui doit
s’ajuster existe et ce qui s’ajuste est produit.